PAYROU
Lucien, Georges, Jean
Né le 8 février 1909 à Thuir (Pyrénées-Orientales),
mort le 2 octobre 2000 à Montpellier
(Hérault) ; instituteur, rédacteur puis attaché
de préfecture, résistant, militant socialiste.
Fils d’un agent des postes militant socialiste en poste en Lozère,
Lucien Payrou choisit d’être enseignant. Après
sa sortie de l’école normale de Mende (Lozère),
il fut en poste en 1931 à Saint- Chély-d’Apcher.
Il adhéra durant cette période à la CGT et à
la SFIO. Quelques années plus tard, il quitta l’enseignement
et devint rédacteur à la préfecture de Mende.
En 1937, il obtint d’être nommé à Montpellier
où son père avait été muté.
Durant cette période de l’avant-guerre, il resta un militant
discret sur ses engagements, en raison de sa situation professionnelle
à la préfecture de l’Hérault. Officier
de réserve, il fut mobilisé dans l’Armée
des Alpes et reprit son poste à la préfecture comme
rédacteur principal après l’armistice.
Faisant fonction, de 1942 à 1944, de chef de bureau en charge
des finances au cabinet du préfet, Lucien Payrou ne garda le
contact qu’avec quelques amis proches de la section. C’est
par l’entremise de l’un d’entre eux, Louis Cauvet,
qu’il entra en contact avec Louis Molignié, responsable
local de Gallia et résista dès 1942 au sein de ce réseau.
Grâce à ses fonctions, il fournit nombre de renseignements
à son réseau puis aux Mouvements Unis de la Résistance.
En juillet 1944, quand le milicien Jean-Paul Reboulleau devint le
nouveau préfet du département, il demanda et obtint
un congé d’un mois. À son retour, la libération
de la ville avait déjà commencé et le préfet
avait été fusillé. Nommé à son
retour faisant fonction de chef de bureau attaché au comité
départemental de Libération, il réintégra
la préfecture quelques mois plus tard. Suite à la suspension
d’un chef de bureau de la préfecture, il fit fonction
dès le mois d’octobre 1944 de chef de bureau à
la 2e division de la préfecture. À la demande du commissaire
de la République, il fut par la suite titularisé à
ce poste et finit sa carrière à la préfecture
de l’Hérault avec le grade d’attaché.
À la Libération, Lucien Payrou assuma plusieurs engagements
politiques et syndicaux. Élu secrétaire adjoint de la
section SFIO de Montpellier, il fut par ailleurs membre du bureau
de l’association Juin 1944. En 1949, il intégra la commission
administrative fédérale et l’était encore
en 1952. Parallèlement, il participa à la création
du syndicat FO à la préfecture et fut membre du conseil
syndical des employés de préfecture. À ce titre,
il figura sur la liste présentée par son syndicat lors
des élections de 1950 à la caisse primaire d’assurance
maladie de Montpellier-Lodève. Situé à l’aile
gauche de la section, Lucien Payrou fit partie de l’active minorité
hostile à Guy Mollet durant les années 1950. Prenant
ses distances avec la ligne de ce dernier, notamment sur la question
algérienne, il se mis alors en retrait. En 1959, alors qu’il
était membre du bureau de la section, il était proche
des idées défendues par la minorité du parti.
À ce titre, il participa, au début de l’année
1959 à une rencontre organisée par Robert Verdier venu
à Montpellier pour rencontrer les minoritaires du parti. Ceci
étant dit, malgré les proximités d’opinion,
Lucien Payrou décida
finalement de rester à la SFIO et comme, une partie des minoritaires
de la section locale, il n’adhéra pas au PSA. Membre
de la section de Montpellier, il resta donc membre de la SFIO, puis
du parti socialiste jusqu’à sa mort. Il ne fut jamais
candidat lors des élections municipales à Montpellier,
même après sa retraite. Parallèlement, Lucien
Payrou eut d’autres engagements. Membre de l’ANAR (association
nationale des anciens de la Résistance), il en fut pendant
plusieurs décennies le secrétaire général.
Il fut aussi membre de la fédération des oeuvres laïques
de l’Hérault dont il fut membre de la commission de contrôle
des comptes, membre de la fédération des officiers de
réserve républicains, responsable local du mouvement
européen et président de l’entente sportive de
la préfecture de l’Hérault.
SOURCES
:
Arch. Départ. Hérault 91 J 15, 138 W 4, 207 W 2, 356
W 137 et 169, 406 W 124, 356 W 137, 1000 W 68, 1183 W 44. —
Arch. Fédération des OEuvres laïques de l’Hérault.
—Jean-Augustin Bailly, La Libération confisquée.
Le Languedoc 1944-1945, Paris, Albin Michel, 1993 Combat socialiste,
1947-1971. — Entretien avec l’auteur.
Olivier
DEDIEU